LA MAGIE DE L'IPE

RETOUR ACCUEIL

la-magie-de-l-ipe.jpg

Huile sur toile : 100 x 100 cm

On est descendu tous les quatre de la voiture : Isabelle et Marcel, Bernard et moi,
pour prendre le temps d'admirer les beaux ipés à fleurs jaunes.
Au dessus des herbes complètement grillées par le soleil à cette époque de l'année,
les arbres sont des astres magiques sur fond d'azur et de collines bleutées.
C'est la fin de la saison sèche, du moins on se prend presque à l'espérer, tant il fait chaud et sec.
Il y a moins de quinze pour cent d'humidité dans l'air. On est à mi-septembre.

Nous venons de quitter après y avoir passé quelques heures le centre de recherches agronomiques de l'EMBRAPA,
perdu dans la nature à quelques kilomètres de Goiânia.
Une délégation nous y attendait dès le milieu de la matinée pour entreprendre la visite : directeur, chercheurs brésiliens et français,
tous très accueillants et arborant un sourire bienveillant malgré notre léger retard.
En effet, bien que partis très tôt le matin de Brasilia, nous avons du affronter les embouteillages quasi habituels de la Saida Sul (sortie Sud)
et avons atteint notre destination après plus de trois heures de route.

Coiffés des casquettes à l'effigie du centre, bien utiles par cette chaleur redoutable,
nous avons suivi nos guides et écouté leurs explications sur les expérimentations en plein champ de cultures de riz.

Pour le couple qui nous accompagne, ce sont des retrouvailles avec un institut qu'ils connaissent bien...
Ils y ont travaillé pendant quelques années il y a plus de vingt ans.
Sur la route, déjà, avant l'arrivée à Goiânia, Marcel avait visiblement du plaisir à se remémorer les moments vécus alors
et les virées entre amis dans les environs.
Quand la ville est apparue en creux dans une brume vaporeuse, à l'horizon, il a entonné, tout guilleret, le début d'une chanson,
en se rappelant qu'il faisait toujours de même quand ils étaient alors jeunes mariés...

Pour nous, l'institut ne représente rien de particulier. Il ressemble à beaucoup d'autres sous les tropiques.
Les laboratoires ressemblent à des labos, les bureaux à des bureaux...
 avec malgré tout cette touche exotique qui, pour avoir vécu en Afrique nous est aussi familière :
volets à persiennes, bois foncé des embrasures et de quelques meubles anciens.
promenades couvertes entre les différents batiments, plantes exubérantes : fleurs et palmiers aux alentours.
La technologie et l'équipement scientifique sont pour l'essentiel des plus modernes, là résident sans doute quelques différences... 
Au détour des portes et des salles traversées, Isabelle croise plusieurs de ses anciens collègues et l'émotion est palpable :
accolades chaleureuses, rires, tapes dans le dos ponctuent les quelques paroles échangées et les souvenirs...

Nous prenons rapidement un repas à la "cantine" du centre.
 On nous présente l'après-midi quelques expériences intéressantes sur les systèmes racinaires
dans un local semi-fermé où l'humidité est entretenue par de l'eau qui s'écoule en continu sur les murs-parois
constitués de gros galets empilés les uns sur les autres au contact desquels elle s'évapore.
A cette heure brûlante où l'on s'arrêterait bien quelques minutes pour une sieste, nous nous y rafraichissons fort judicieusement au passage...
Le temps passe... Il nous faut bientôt quitter le centre.Très prudent, Marcel veut à tout prix éviter de rentrer de nuit...

A contrario de l'aller, nous roulons sur une piste pour rejoindre Goiânia. Marcel l'empruntait autrefois à moto pour se rendre à son travail...
Nos regards sont attirés par un grand champ étonnamment verdoyant.
Au milieu quelques ouvriers empilent sur un camion des plaques carrées de gazon destinées aux jardineries.
La scène est un peu surréaliste : tout ce tapis brillant obtenu à grands coups d'arrosage s'étale sur fond de plaine blonde et sèche.
Des machines ont dessiné les joints d'un immense carrelage. Le travail des hommes qui chargent les plaques décompose peu à peu la mosaïque
et le sol remis à nu, retrouve au fur et à mesure sa couleur brute rouge orangée.

La chaleur est un peu tombée...
C'est bientôt l'heure que je préfère, lorsque les rayons plus bas du soleil donnent à toutes choses une belle intensité et des tons harmonieux.
Nous ne résistons pas à nous arrêter encore, un peu plus loin pour regarder, un peu rêveurs, les ipés. Pause silencieuse et poétique...
Quelques nélores à la robe blanche paissent dans le lointain au milieu des broussailles et relèvent la tête vers nous.
On s'attarde quelques minutes, les coudes appuyés  sur la simple clôture, en admirant les cîmes dorées des arbres fleuris. 
Marcel a oublié ses inquiétudes...  " En voiture! "  Marcel nous rappelle que c'est le moment tout de même maintenant de rentrer à Brasilia... 

RETOUR ACCUEIL     

Post scriptum

Quelques mois plus tard, en visite dans la petite ville de Goias Velho, nous avons diné par hasard au Restaurante do Ipê
et en en-tête du menu, il y avait un très joli poème de la poétesse brésilienne Cora Carolina.
Nous avions visité la veille, sa charmante maison transformée en musée.
J'ai recopié la poésie et une amie Adriana m'a aidé à la traduire. Elle s'intitule fort à propos Ipé Florido, Ipé en fleurs.

J'y ai retrouvé toutes mes impressions comme par magie...
Découvrez le texte de Cora Carolina ci-dessous. 

Ipê florido

Altaneiro e flaminovo,ereto e majestuoso
Altaneia na campina verde e distante,
Embelezando o paisagem deserta com seu fulgor
de ouro vivo, o ipê florido, nos dias de sonho
E o revejo ainda hoje nas horas de realidade,
E és mesmo para mim, porque minha alma não envelhece
Reacendo sempre a teia encantada da illusão
A campina verde esmeralda,
Mordida pela volupia quente do sol
E o ipê, altaneiro e majestuoso, florido em jalde
Nimbado de outro esplende, irradia tremula e cintila.

Cora Carolina

RETOUR ACCUEIL

Ipé en fleurs

Imposant et flamboyant, noble et majestueux
Il domine la plaine verte et lointaine
Embellissant le paysage désertique de son éclat
D’or vivant, l’ipé fleuri des jours de rêve
Et je te revois encore aujourd’hui aux heures réelles
Tu restes pour moi le même, car mon âme ne vieillit pas
Je rallume toujours la toile enchantée de l’illusion
La plaine verte émeraude
mordue par la volupté chaude du soleil
Et l’ipé, imposant et majestueux, fleuri et nimbé d’or
Brille, irradie, tremblant, et scintille.

Cora Carolina