Orchidées passionnément

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Orchidées passionnément
Acrylique sur toile 100 x 100 cm

Régulièrement, je me prends de passion pour les orchidées, ces fleurs flamboyantes, mystérieuses et impudiques à la fois,
qui se tournent vers la lumière et pour attirer, séduire ou tromper les insectes.
Elles survivent d'un rien, accrochées aux arbres, profitant de l'eau de pluie qui dégouline le long des troncs. 
Je les aime au naturel par-dessus tout, quand on a la chance d'en observer en forêt ou dans des jardins, mais c'est assez rare.
Leurs tiges longilignes se courbent vers le bas au lieu d'être martyrisées et retenues droites par de laids tuteurs.
Leurs racines aériennes se collent à l'écorce et s'immiscent dans les anfractuosités, et quand il y en a,
les fleurs s'épanouissent en se redressant vers le ciel, tout en faisant une parure aux  troncs.

La première fois que j'en ai vues, c'était en Côte d'Ivoire, chez un orchidophylle passionné.
Récemment arrivée en Afrique, tout juste sortie de mes études d'économie et de marketing international,
je m'intéressais peu à la nature et ignorais jusqu'à l'existence de ces plantes.
Michel, en avait une collection imposante, qu'il conservait dans des pots suspendus, sous un abri sommaire fait de poteaux de bambou,
et au toit recouvert de cannisses, filtrant la lumière. Il rentrait dans la maison, pour mieux en profiter,
les orchidées qui daignaient fleurir de temps en temps...
A l'époque, pauvre de moi, je trouvai un peu incongrue, toute cette installation pour quelques floraisons très épisodiques et aléatoires. 

Depuis, les orchidées sont devenues choses plus communes. On en trouve dans les grandes surfaces et les jardineries couramment.
Il est vrai que ce sont souvent les mêmes espèces que l'on peut y acheter.
Je ne suis pas une experte en botanique. Mon inclination pour les dites plantes, est d'abord esthétique, mais l'occasion d'en voir de plus rares me ravit.
Ainsi, en février dernier, par un froid de gueux, je m'en suis allée d'un bon pas dans les rues parisiennes jusqu'au Museum d'Histoire Naturelle
qui présentait une exposition magnifique sur ce thème, dans les grandes serres.
Outre qu'il y faisait un peu plus chaud, ce fût un délice d'admirer dans le calme,
toutes ces merveilleuses épiphytes originaires pour la plupart des lointains tropiques.  

Au dessus et de chaque côté de la grotte reconstituée, les orchidées surtout blanches dégringolaient en cascades,
accrochées plus ou moins artificiellement à la roche et aux palmiers contigus.
La mise en scène en avait été confiée, si je me souviens bien à l'homme "aux cheveux verts" : Patrick Blanc,
grand inventeur du concept des murs végétaux et véritable écologiste dans l'âme. 
Dans le reste de la serre, sur le sol et sur une bonne hauteur des troncs, des dizaines d'autres espèces aux couleurs vives :
violettes, jaunes, rouges, orangées, pourpres, avaient été agencées de façon harmonieuse et la plus naturelle possible.
Une dizaine de visiteurs tout au plus hantait les allées : quelques photographes amateurs et amoureux de nature insolite.
Je sortis moi-même mon appareil photo mais au troisième cliché, la batterie tomba en panne. Un peu frustrant !

Des photos, par contre, j'avais pu en faire quelques-unes lors d'une virée quelques mois auparavant dans le Sud du Brésil, à Gramado. 
La petite ville touristique, nichée en  moyenne montagne fût façonnée par les nombreux immigrants italiens et allemands attirés à la fin du XIXème siècle
par le cadre idyllique : vallées verdoyantes, cascades, pinèdes et araucarias.
Nous logions dans un hôtel ressemblant à un chalet bavarois à ceci près que dans le jardin, on pouvait s'asseoir dans des canapés en rotin pour lire ou rêvasser
au milieu certes des grands pins noirs mais aussi des palmiers  dont les troncs étaient littéralement noyés sous les orchidées de toutes sortes. 
C'est une coutume assez fréquente au Brésil, d'accrocher et disposer sur les arbres les plus proches de son entrée,
ces espèces florifères, très décoratives et peu exigeantes. J'ai pu en admirer ainsi, zestes de nature fraiche et poétique,
 dans les petites cours ou les minuscules jardins qui subsistent miraculeusement, coincés entre les façades des grands immeubles
et les hautes grilles qui les bordent côté  rue, dans les beaux quartiers de Rio ou de Sao Paulo.

A la maison, pour l'instant, je ne me suis pas encore inspirée des pratiques locales
et les pots d'orchidées défleuries attendent un peu tristement dans un coin du salon.
Celles qui sont en fleurs crânent orgueilleusement sur la grande table en verre. Je viens d'en rapporter trois nouvelles du Jardin Botanique de Sao Paulo,
où avait lieu début mai la cent troisième expositïon du genre. L'accumulation des variétés était imposante,
moins artistiquement installée qu'à Paris mais plus riche en raretés. 
Les Paulistas présents pour l'occasion, pour beaucoup d'origine japonaise, se pressaient comme s ils étaient dans une lanchonette (restaurant libre service)
 autour d'une sorte d'immense buffet croulant sous les fleurs,
chacun plongé en expectative ou  tentant d'immortaliser en photos les précieuses orchidées aux calices attirants et aux couleurs infinies. 
A l'entrée du jardin on pouvait en acquérir auprès de quelques vendeurs venus tout spécialement.
Mes trois specimens agrémentèrent délicieusement quelques jours notre chambre d'hôtel standardisée, y ajoutant une touche romantique et en particulier
une Miltonia blanche au coeur jaune et violet clair qui y répandit un parfum envoutant et délicat.
Le jour du vol retour, je les emballai précautionneusement pour les emporter tant bien que mal en bagage à main
et les veillai vraissemblablement plus attentivement que le reste de nos affaires. En effet, durant un déjeuner vite avalé à l'aéroport,
à quelques minutes de l'embarquement, on nous déroba une sacoche d'ordinateur sur notre chariot à bagages...

J'avais l'idée depuis quelques temps d'un tableau où les orchidées seraient à l'honneur.
Je composai sur la toile un jardin à mi-chemin entre le réel et l'imaginaire, où elles seraient presque aussi nombreuses qu'aux expositions...
Je les accrochai aux arbres, les multipliai au sol, dessinai à mi-hauteur une allée de parc rose tendre
et au dessus une pelouse d'un vert citronné sur laquelle se devinait un soleil rasant de fin d'après midi. 
Au fond, j'imaginai une colline à pente raide, en forme de "Pain de sucre", typique du relief des côtes brésiliennes. 
Je cherchai afin de m'en inspirer et retrouvai quelques photos prises au sein des orchidariums des jardins botaniques de Rio ou de Brasilia.
J'ajoutai à l'ensemble quelques grands philodendrons très graphiques et un papillon "morpho" attiré par les fleurs.
Je mis beaucoup de ferveur à peindre, en espérant  qu'une certaine séduction émane de la toile,
à l'image de ces fleurs si sensuelles, symbole de beauté parfaite et aussi de fécondité.
Confucius, célèbre philosophe chinois, disait: "Rencontrer des hommes bons, c'est pénétrer dans une pièce emplie d'orchidées".

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