PELOURINHO

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Acrylique sur toile 1,00 m x 1,00 m

J'achetai un jour, lors de vacances à Mayotte, dans une boutique pour touristes, quelques tampons en bois sculpté,
venant d'Inde et servant à imprimer, je pense, des tissus.
Mon idée était de les utiliser éventuellement pour de futurs tableaux.
C'est ce que je fis, quelques semaines plus tard.
J'étalai de la peinture acrylique rouge sur le plus gros tampon et commençai à esquisser avec ce motif répété,
un semblant de cadre sur une grande toile carrée. Je complétai au pinceau, rajoutant de l'orangé clair et du jaune d'or 
et soulignant quelques volutes en épaisseur pour simuler le relief.

J'avais terminé, mais il fallait peindre maintenant quelque chose à l'intérieur !
La couleur vive du cadre m'incita à évoquer une scène de ville chamarée,
qui s'accorderait bien avec, et je songeai au Pelourinho.

Nous avions passé un long week-end près de Salvador et avions visité en particulier la vieille ville, en cours de restauration
et classée au Patrimoine de l'Humanité par L'UNESCO.
Les façades multicolores, le côté pittoresque des rues très en pente et les multiples vendeurs attirent immanquablement les touristes,
et...Mickaël Jackson en son temps, qui y a tourné l'un de ses clips,
preuve s'il en fallait de la popularité de ce quartier mythique.

J'ai choisi de reproduire cette même place où dansait et chantait Mickaël.
On y débouche par une petite rue : Rua de Matos.
Le regard embrasse d'un coup les murs colorés, les multiples fenêtres, tous les toits de tuiles orangées et ocre en marches d'escaliers,
l'Igreja do Carmo sur les hauteurs, la foule bigarrée qui flane et photographie, les marchands ambulants et toutes les échoppes.
Les pancartes des petites boutiques, théâtre, restaurants, sont en cascade à droite dans la rue qui descend en pente raide.

On peut voir celle du restaurant de l'école hôtelière du SENAC.
Les bahianaises nous y ont accueillis en costume traditionnel : grandes jupes gonflées, en dentelle blanche, colliers colorés et gros turbans.
Le buffet est une merveille pour qui veut découvrir la cuisine de cette région, sans doute la meilleure du Brésil :
moquecas, fruits de mer ou crevettes, poulet au dendé (huile de palme) ou à la noix de coco... 

Après le repas, nous avons descendu toute la rue et avons voulu sortir de ce quartier presque trop parfait "pour touristes".
Un peu plus bas, l'ambiance était moins "policée", plus effervescente.
Les bus roulaient à grande vitesse au milieu de l'asphalte. Il y avait des commerces de toutes sortes,
des piles énormes et surprenantes de lingerie très colorée et affriolante, des monceaux de T-shirts et de bustiers,
de nombreux bazars, des petits marchands sur les trottoirs...
La fin du jour approchait, on commençait à tirer les persiennes. Il fallait songer à faire demi-tour, pour éviter les pickpockets du soir.
Nous avons retrouvé notre chauffeur de taxi.

Recruté à notre hôtel resort , à 80 km au nord de Salvador, il avait été un guide hors pair.
Il nous avait véhiculés toute la journée, suggérant certains arrêts, patientant dans la voiture, souvent,
nous proposant aussi de déambuler, le matin, à pied avec lui dans une favella, "sous sa protection".
On avait bu le jus d'une noix de coco à une petite buvette,
un peu génés de notre statut d'étrangers, sous les regards inquisiteurs de quelques gamins...

On alla regarder le coucher du soleil sur la mer depuis la Praça Municipal,
Quelques amis nous attendaient à l'hôtel. Il fallait rentrer maintenant.
On s'entassait de nouveau avec nos deux compagnons de voyage dans le taxi.

Au milieu du trajet, le chauffeur s'arrêta sans aucune explication, devant un petit centre commercial quasi désert,
nous laissant seuls quelques longues minutes...
Il revint enfin, les bras chargés de petits sachets en papier remplis de "paoes de queijo", à notre intention.

Dans notre euphorie de découvertes, on n'avait pas pris le temps de dîner...
Nous avions marché toute la journée.
Fourbus, collants de sueur, des images plein la tête, d'un seul coup devenus silencieux,
on dégustait vraiment sans déplaisir ces petits pains au fromage,
profitant de l'air enfin plus frais, dispensé par les vitres grandes ouvertes.

Aujourd'hui, quand je regarde mon tableau du Pelourinho,
je repense à tous les petits moments de cette journée délicieuse.

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