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Les Toucans
Acrylique sur toile : 1,00 x 1,00 m  

Piu pu pu pluu... Piu pu pu pluuu....Tous les matins, nous sommes réveillés par ce refrain répété sans cesse :
cinq petites notes : suite de croches et d'une ronde, toujours identiques, accompagnant les premières lueurs du jour...
C'est un mini concert qui nous tire doucement du lit, beaucoup plus agréable, somme toute que la sonnerie du Blackberry...
Je me suis rendue compte en ouvrant les volets à l'heure des paillements que les oiseaux venaient mordre les pitangas :
ces délicieuses baies rouges de la taille de cerises, en voletant çà et là dans la haute haie qui nous sépare des voisins.

On se dirait presqu'à la campagne, alors que les voies d'accès au centre-ville de Brasilia sont à quelques centaines de mètres... 
Trois nouvelles maisons se sont construites ces derniers mois de l'autre côté du chemin en terre battue jouxtant le fond du jardin.
Depuis, certains animaux se font un peu plus rares. Le bruit des chantiers les a éloignés.
Ils reviennent épisodiquement : les petits macaques par exemple ou plus rarement aussi un couple de toucans.
Les deux espèces se disputaient auparavant les branches d'un flamboyant de taille encore modeste, à quelques mètres de notre terrasse.

On voit toujours quotidiennement les bem-ti-vi (littéralement : M'as-tu bien vu ?) au ventre jaune citron, qui viennent en fin d'après-midi,
se rafraichir après nous dans la piscine, en faisant des séries de mini atterrissages et décollages sur l'eau.
On supporte toujours quand s'annonce la saison des pluies, le bruit de sirène des cigales géantes, beaucoup plus strident et fort
que celui de leurs congénères méditerranéennes et l'on entend aussi, beaucoup plus discrets,
 les petits coups secs sur les troncs des jolis pics-verts à la nuque vermillon.

Je regrette que les toucans aient un peu déserté les lieux. Au milieu des fleurs rouges du flamboyant,
ils formaient un tableau enchanteur et c'était facile à cette hauteur de les photographier.
Je m'amusai de leur cri rauque ressemblant à celui d'un crapaud.
Le couple devait avoir élu domicile dans une cavité de l'arbre, un trou laissé sans doute par la chute d'une branche.
Je les ai aperçus dernièrement, beaucoup plus haut, au sommet d'un grand arbre.

Ce sont des Toucans Tocos, les plus grands des toucans : ils mesurent un peu plus de soixante centimètres.
Leur plumage est noir à l'exception de la gorge blanche et du dessous de la queue rouge vif.
Evidemment, ce qui les caractérise le plus c'est ce long bec d'environ quinze centimètres, jaune orangé avec une large tache noire au bout.
Ils s'en servent pour dévorer les termites volants. Je devrais me réjouir d'en avoir justement en ce moment, avec les premières averses de la saison,
des quantités qui se collent aux vitres des fenêtres à la nuit tombée, attirés par la lumière et cherchant les interstices
 avant de succomber et de perdre leur ailes, m'obligeant, entre parenthèses, à un ménage quotidien ....
 On va peut-être, de ce fait, revoir les toucans plus souvent !
A force de les observer, j'ai remarqué que ces derniers avaient aussi un côté pique-assiette. Ils s'intéressent fortement aux nids des autres oiseaux.
A l'occasion, ils volent des oeufs pour nourrir leurs petits, qui ont besoin d'un régime fortifiant pour grandir avant de quitter le logis familial.
Pas trop farouches les énergumènes ... ni vraiment à l'aise pour voler... Je les trouve un peu lourdauds,
ils prennent leur élan pour aller grâce à quelques battements d'ailes juste un peu plus loin.
Ils fuient les macaques avec lesquels il ne font pas amis-amis.

Sur la toile, j'ai peint aussi des toucans à carène, au bec multicolore.
J'ai noyé tous les volatiles au milieu des feuilles jaunes et vertes : les couleurs du Brésil.
J'y ai ajouté le bleu du ciel, l'autre composante, quoique dans une moindre mesure, du drapeau national.
Naturellement ou plutôt inconsciemment, le trio vert-jaune-bleu envahit peu à peu mes tableaux et je délaisse le bleu-blanc-rouge
qui caractérise davantage mes oeuvres en France, particulièrement en Bretagne.
J'illumine d'or ou de citron les nervures des feuilles, la gorge des toucans.

Insensiblement, progressivement je me "brésilianise". Je me surprends à porter plus souvent ces tons chauds et solaires,
ce jaune si beau en accord avec les jeans clairs ou foncés.
Dans les marché artisanaux, dans les boutiques, on trouve toutes sortes d'articles arborant les couleurs nationales : bijoux, casquettes,Ti-shirts, sacs. 

Entre deux pays, entre deux vies différentes, je passe d'une saison à une autre, d'une gamme colorée à une autre,
de références artistiques à d'autres sources d'inspiration, avec un plaisir malgré tout, toujours présent.
Je voudrais parfois plonger plus longuement dans la langueur des paysages, pouvoir m'y attarder, m'y ennuyer même.
Je me prends à rêver de terroirs, de vie en auto-subsistance, de routines et d'habitudes confortables en famille et entre amis fidèles.

Et pourtant, la curiosité renouvelée, la magie des contrastes, les surprises des rencontres et des voyages,
les couleurs et les goûts différents, complémentaires, aiguisent sans fin mon appétit de vivre et de peindre.

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