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Flamants de james


Os flamingos

Los flamencos ...Les flamants roses
Huile sur toile 100 x 120 cm

Chacun a son lieu ... Un jour, on passe quelque part et l'on se dit que c'est là
que l'on voudrait s'arrêter pour vivre quelques mois ou quelques années...
Je suis tombée amoureuse du Désert d'Atacama...
Ce sont Danielle et Francis qui nous ont entrainés dans ce voyage merveilleux au nord du Chili.
C'était un peu mal parti au départ, puisque nous avions raté une correspondance à Santiago,
mais on avait profité d'une nuit d'hôtel gratuite dans le confortable Holyday Inn juste en face de l'aéroport
et le lendemain midi nous étions à Calama et le soir même à San Pedro de Atacama,
notre base comme beaucoup de touristes et routards, pour les excursions très prometteuses des jours suivants. 

Le village est situé à 2500 m d'altitude au milieu du désert réputé comme le plus sec au monde.
Malgré cela, au-delà des oasis où poussent à l'envi de splendides poiriers, goyaviers, cognassiers, grenadiers, figuiers...
et aussi des fleurs, quelques plantes parviennent aussi à vivre naturellement par endroits :
 des graminées fabuleusement  blondes et légères dans le vent,
la fameuse Rica Rica rabougrie consommée en tisanes contre les douleurs d'estomac,
ou les Chacacomas en petits buissons denses et verts couverts de petites fleurs jaunes,
qui sont un remède contre le mal d'altitude et les maux de tête. On peut voir aussi des cactus magnifiques
très justement dénommés : Echinopsis Atacamensis qui s'élèvent parfois à plus de six mètres de haut.

Le ciel est toujours bleu, limpide 350 jours par an, d'une clarté extraordinaire qui attire les astronomes. L'air est pur et transparent.
San Pedro de Atacama, dominé par le volcan Licancabur, est entouré de paysages fantastiques :
à l'Ouest : la Valle de la Luna et la Valle de la Muerte très rocailleuses et nues, les spectaculaires Geyser del Tatio au Nord,
Le Salar d'Atacama au Sud, gigantesque lac de sel, tout en croûtes et en vaguelettes rugueuses pétrifiées,
 ponctué çà et là de lagons irréels beiges et nacrés où pataugent dans l'eau saumâtre, trois espèces de flamants roses :
ceux dits du Chili, ceux des Andes et ceux découverts par le britannique Henry Berkeley James. 
Nous avons fait route vers le Sud-Est pour voir les lagunes Minique et Miscanti, somptueusement turquoises. 
Comme dans un conte, de graciles vigognes gambadaient sur les rives.
Les couleurs féeriques, la beauté des lieux nous laissèrent muets d'admiration.

Dans la vallée Rainbow, on avait ramassé des échantillons d'olivines et des péridotites vertes et grises,
on s'était baigné dans les eaux très portantes de la Laguna Cejar dont on était sorti couvert de zébrures blanches et salées,
on s'était prélassé dans les bassins en cascades très chauds des sources thermales Puritama, bordées par les herbes en fuseaux de la pampa.
On avait déjeuné dans de petits villages, mangé des brochettes de lamas et des empanadas au fromage de chèvre à Machuca,
bu de la chicha à la belle couleur rose foncé et à base de maïs fermenté, pris en photos les plantations en terrasses de quinoa,
et les pétroglyphes : singes, oiseaux, camelidés dessinés et creusés dans les roches de Hierbas Buenas
Nous nous étions photographiés symboliquement sur la ligne du tropique du Capricorne,
à la croisée du chemin de l'Inca "El camino del Inca",   
nous avions déambulé le long des canaux d'irrigation d'une oasis débordante de fruits à Toconao,
croisé en nombre des lamas domestiques le long des routes, aperçu quelques guanacos.
A Socaire, dans une pauvre bicoque, j'avais acheté à deux villageoises au timide sourire des ponchos très doux en alpaga.  
De notre expédition à l'aube aux geysers, outre le spectacle splendide des gerbes vaporeuses jaillissant du sol,
 Francis avait gardé un cuisant souvenir, puisque s'étant approché comme nous, tout près des trous béants, il avait glissé malencontreusement
et son pied droit s'était enfoncé tout entier dans la glaise brûlante et traître.      

Nous pensions avoir tout vu et chaque soir, on se disait que Donato,
notre guide bolivien aurait du mal à nous étonner encore et encore le lendemain.
Un matin très tôt, on partit vers la Bolivie vers le Nord-Est.
La route d'abord en asphalte puis en terre montait de manière très abrupte vers l'Altiplano : "plaine d'altitude" en espagnol.
Au milieu de nulle part, on passa la frontière à Hito Cajon à 4485m d'altitude : rendez-vous spontané de quelques Land Cruiser et autres 4x4. 
Les voyageurs de tous horizons, emmitouflés dans leurs pulls ou leurs parkas bavardaient entre eux avant de faire tamponner leurs passeports.
On vit ce jour-là des lagunes de toutes les couleurs : la Laguna Blanca, la Laguna Verde et la plus magique sans doute la Laguna Colorada,
aux teintes surprenantes d'ocre et de rouge mêlés, dues aux sédiments et à certains types d'algues contenues dans les eaux.
Des dizaines de Flamants de James clapotaient tranquillement et se reflétaient dans les eaux,
 dans la lumière contrastée du soir. Je serais restée des heures...
On distinguait bien leurs touches caractéristiques de carmin sur le dos et quelques plumes noires sur leurs ailes.
Leurs pattes étaient rouge brique, ce qui permettait  de les différencier des flamants des Andes aux pattes jaune citron. 
Rien à voir, non plus  avec les Flamants du Chili entièrement roses comme ceux  qui peuplent les étangs de ...Palavas
sur la côte méditerranéenne, quoique dans un ton un peu plus soutenu...

Le lendemain on revit encore des Flamants au Salar de Tara, endroit plus poétique encore.
Assis sur de simples bancs, adossés à une petite maison en pierres près de la rive,
 nous ne quittions pas des yeux, les eaux bleues et roses, brillantes et ourlées de douces plaques de mousses d'un vert très vif,
ainsi que les échassiers qui parfois s'envolaient par petites bandes puis revenaient...  
Donato avait sorti d'une grosse glacière un repas préparé par sa femme :
côtes de porc grillées, champignons, coeurs de palmiers, quinoa et coca-cola...
Il nous pria avant de commencer à manger de consacrer un instant pour remercier la "déesse nature".
On se recueillit en silence un moment et on leva nos verres pour fêter ensemble ce lieu extraordinaire.

Quand on remontait dans la voiture et que chaque soir nous regagnions San Pedro,
Donato allumait l'autoradio, y introduisait toujours la même cassette et lançait le même morceau de musique
que par jeu, parce que nous étions heureux, nous reprenions tous en choeur : Aleluya! Aleluya! ah! ah! ah ! 
En dégringolant la route, sur le chemin du retour, cela devint un rite entre nous, 
un vrai  moment de gaité juvénile, malgré notre âge déjà mûr ...
Donato nous a indiqué le nom du célèbre chanteur bolivien : Yuri Ortunio et le titre de la chanson : Bolivia es pueblo de Dios..
Si je l'écoute maintenant, je suis presque sur le point de pleurer... 
En cliquant ci-dessous , vous pourrez entendre cette musique à la fois ennivrante et romantique.

On est tous rentrés à Brasilia.
Quelques jours après, Danielle et Francis s'envolaient pour la Belgique et Bernard partit en mission en France.
Restée seule, je commençai à peindre les flamants se mirant dans les eaux du lagon, tout en écoutant du jazz,
pour que la magie dure encore, encore un peu ...

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Tropique du Capricorne

Avec Donato, notre guide.

P1020812 copie

 

 

yuri ortuño - bolivia pueblo de dios