Le transat orange
Huile sur toile 80 cm x 80 cm
Les fleurs des rosiers grimpants étaient totalement épanouies et s'étalaient en quinconce autour des piliers de la pergola.
Je les admirai tout en prenant mon café sur la terrasse et décidai de les peindre l'après-midi même.
Dos à la lumière du soleil, j'étais en train d'installer une grande toile carrée sur le chevalet
quand je constatai que les branches du rosier se reflétaient en ombres chinoises sur la toile blanche.
Il me suffisait de décalquer comme une enfant.
Tournant toujours le dos au motif, je dessinai et délimitai grossièrement à la peinture, avec un pinceau fin,
le contour des fleurs et des feuilles ainsi que le pilier.
Je me retournai ensuite, faisant face au jardin, pour "mettre les couleurs", comme dans un cahier de coloriage.
Ce premier plan étant terminé, je peignai ensuite le transat qui était dans l'herbe à quelques mètres devant.
Il était bleu, je le fis orange, couleur de fruits et de printemps.
A cette période de l'année, souvent je m'y allongeais quelques minutes après le déjeuner, pour faire une mini sieste.
J'ai toujours aimé les chaises longues, synonymes de tranquillité paresseuse, de lectures bienfaisantes et de rêveries au soleil.
Avec le vent dans les arbres ou le bruit des cigales, on ferme les yeux et l'on voyage...
On se refait les plages à l'autre bout du monde, les promenades en bateau et toutes les presqu'îles...
Au bout de notre garrigue, j'aurais adoré qu'il y ait la mer en plus...
Sur la toile, sans que je m'en rende compte, mon jardin secret et mes songes sont devenus apparents, transparents...
Ils ont touché au coeur un amateur d'art, sexagénaire, veuf depuis peu.
Ce monsieur charmant a laissé sur mon livre d'or un commentaire très émouvant, au sujet du tableau.
La chaise longue vide, délaissée, lui faisait penser à sa femme disparue.
Il prit mes coordonnées et quelques semaines plus tard,
il m'appelait pour revoir le tableau à la maison et en définitive en faire l'acquisition.
C'était l'un de mes tableaux préférés.