Un été invincible
Je suis née dans les tout premiers jours de l'été
Et sans doute cela m'a t- il marquée à jamais
J'aime par-dessus tout le soleil et la mer
Et comme mon prénom, les limpides lumières.
Dans un texte de Camus, j'ai trouvé si bien dit *
Tout ce que bien souvent moi-même ai ressenti.
On est jeunes : Les baies, l'océan, les terrasses
Tout est alors prétexte au refuge, à la grâce,
Au triomphe des corps harmonieux sur le sable.
Danser toutes les nuits, on est aussi capables,
On est dans l'insouciance, dans l'urgence de vivre
On regarde les étoiles, on se passe de livres.
Parfois suis envahie par la mélancolie
Le bonheur d'être triste, c'est du plaisir aussi
Les photos du passé, j'y vois avec regret
Nos juvéniles traits, nos corps presque parfaits.
Camus évoque Oran, l'hiver, les asphodèles
Le ciel est toujours bleu et les dunes sont belles
Comme celles que j'aime sur la Côte sauvage
Les senteurs d'immortelles en allant à la plage.
Dans l'hiver oranais, les amandiers en fleurs
Futurs fruits de l'été, promesse de chaleur
Ont une beauté fragile mais pas sans avenir
Les beaux jours finissent toujours par revenir.
Le temps passe si vite et toutes les saisons
Toujours la fièvre en moi, des projets, des passions
Intrinsèques, viscérales, des vertus conquérantes
Je planque mes souvenirs dans les vagues déferlantes.
Garder toujours en soi les lumières magiques,
Natures vierges et couchers de soleils fantastiques
Mes tendres nostalgies, les ai passées au crible
Je crois porter en moi un été invincible.
Brasilia, juin 2015
Claire Mallet
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* A lire ou relire : Lété, d'Albert Camus.
Dans ce recueil de nouvelles publié pour la première fois en 1954, Camus dépeint l'Algérie et en particulier Oran, avec un mélange de bonheur solaire et de gravité.
"...je regardais la mer... et je rassasiais les deux soifs qu'on ne peut tromper longtemps sans que l'être se dessèche, je veux dire aimer et admirer...." (extrait)
Nos juvéniles traits....
Claire Mallet à l'âge de vingt ans