MOSAÏQUE GOURMANDE

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Mosaïque  Acrylique sur toile : 90 cm x 210 cm   

Aline cherche t-elle le sens de mon inspiration, intriguée et subjuguée à la fois par ma mosaïque? 
"J'essaie de suivre le fil" dit-elle. Un trait noir en effet serpente par endroits entre les éclats de couleurs,
comme le plomb qui sépare et lie en même temps les morceaux de verre d'un vitrail.
Cette fine rivière s'insinue entre les parcelles. J'ai peint les champs en technicolor.

Je prends l'avion souvent et contemple par le hublot les dessins des routes et des cours d'eau entre les aires cultivées.
De là-haut, les différents éléments s'organisent comme des pièces de puzzle.
C'est un mélange de courbes et d'arabesques naturelles mais aussi d'angles pointus.
Quand on survole les plateaux du Brésil, on a la surprise de voir de temps à autre au milieu de patchworks en apparence désordonnés,
de parfaits cercles aux diverses tonalités d'ocres, de jaunes et de verts.
C'est l'arrosage automatique fourni par les pivots qui dessine ces très exactes figures géométriques.

Je crois que je m'entendrais bien avec Yann Arthus-Bertrand...
Dans chacune de ces photos aériennes, il y a une approche poétique des paysages.
Il repère ici, des formes répétitives, qui deviennent, vu du ciel, des motifs.
Là, il immortalise une couleur singulière, intrigante et royale au milieu de tapis aux tons subtils...
C'est un jeu illimité, une passion et une tâche inépuisable et dévorante
qu'il s'octroie de parcourir et mettre en boite la planète pour nous la mieux montrer...

Pour mon panorama perso, j'ai pioché dans l'orange des années soixante,
le rose bonbon dont raffolent toutes les petites filles à un moment donné ou un autre,
le fuschia chéri des poupées Barbie, le jaune citron et d'or des vacances ensoleillées,
le bleu des mers du Sud, le turquoise des lagons, le cacao des desserts gourmands,
le rouge rubis des bijoux et celui aussi des cerises et du gloss à lèvres des stars.  

Depuis que je me suis mise à l'acrylique, je craque régulièrement et succombe devant les gros pots de peinture,
tous plus attirants les uns que les autres. Ils contribuent au renouvellement de mon inspiration. Bonne excuse ... 
Je pourrais me contenter peut-être de plus petits, ou de tubes... Mais, le format "confiture" m'attire irrésistiblement.
Devant les jolies rangées multicolores, dans ma boutique fétiche, je ne puis résister à cette gourmandise.

Dans l'atelier, j'ai rangé ma nouvelle collection dans des petites cagettes en carton
sur la tranche desquelles on peut lire, c'est un comble : MORANGOS (fraises).
En effet, j'achète périodiquement pour faire des confitures, de ces barquettes de fruits stockées et vendues par quatre, 
à un vendeur à la sauvette devant mon supermarché habituel.
De fait, j'étale au couteau sur ma toile avec la même délectation que sur une tartine, la pâte colorée...
Les pigments brillent sur le lin blanc.
La peinture non diluée a la même consistance que du beurre mou.
j'enduis, je râcle, j'étire...comme je le ferais avec une spatule de cuisine...

Du reste, plus j'y pense, plus j'entrevois dans la pratique de mon art plastique, de similitudes avec le domaine culinaire.
Ainsi, des assiettes jetables me servent de palettes, j'utilise de vieux verres pour l'eau et des bocaux pour stocker les brosses.
Enfin, quand l'heure avance inexorablement, en fin d'après-midi, je m'arrache de mon travail absorbant
pour me dépêcher de faire la "vaisselle" de tout le matériel, ce qui ne m'amuse guère, avant d'aller préparer un vrai repas ...

Au retour des vacances de Noêl, j'ai accroché enfin mon oeuvre achevée avant les fêtes, sur le grand mur blanc de la salle à manger
et invité aussi quelques amis à dîner. Je m'amusai alors à assortir la décoration de la table aux tons du tableau :
bougies cubiques jaunes et roses, petits bouquets violets clairs de pervenches de Madagascar...et jusqu'au choix du menu
je me laissai guider par l'envie de couleurs vives et acidulées : mousse de betterave "flashy" en entrée,
surmontée du vert des concombres à la menthe et à la ciboule, saumon rose pâle sur lit d'épinards, en croûte feuilletée et dorée,
accompagné de piperade aux trois poivrons et aux tomates, glace à la vanille maison au jaune tendre et fraises brillantes,
petits biscuits glacés au chocolat, meringues soufflées.
Cuisine et peinture continuaient de s'épauler.
Les convives vantèrent la gaieté et l'optimisme supposé qui émergeaient de l'une et de l'autre,
s'extasièrent de la famille monoparentale de poissons, un grand et deux petits, façonnés dans la pâte.
Magnus prit des photos. Stéphane, expert cuisinier à ses heures, souligna la mise en scène des plats composée comme un tableau.
Cela me fit plaisir. La tablée était joyeuse. Se levant fréquemment, ma belle amie Margi vint m'aider à la cuisine.
Michèle se régalait de tout et me demanda les recettes. Rima, très volubile, spontanée et gourmande se resservit sans se faire prier.

Est-ce un hasard ? Nos invités formaient ensemble un véritable puzzle aussi... 
De nationalités diverses : française, belge, anglaise, suisse, libanaise, suédoise, tous passionnés et passionnants,
ils ont tous parcouru le monde en long et en large.
On parla beaucoup de voyages et du Brésil, bien sûr, et des projets des uns et des autres.
A travers les baies vitrées, je constatais que la pluie ne cessait de tomber tristement dans la nuit noire du jardin.
Dans le cocon du salon et de sa lumière chaude, on conversait délicieusement,
on dégusta encore quelques bouchées au chocolat avec le café et la soirée toucha à sa fin...

Avec Bernard, je rangeai le décor. On débarrassa les verres en cristal, les couverts en argent et les coupelles à glace.
On souffla les bougies et éteignit les lampes. Tableau et tablée plongèrent dans l'obscurité et nous deux bientôt aussi dans nos rêves...

Brasilia, février 2012
Claire Mallet

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 chez Claire et Bernard Mallet
Michael et Emma devant "Mosaïque gourmande"