LES PETITS POISSONS

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Les petits poissons,   Acrylique sur toile 100 x 180 cm

Comment l'idée d'un tableau germe t-elle ?
Dans certains cas, les méandres de l'inspiration ne m'apparaissent limpides et évidents qu'une fois mon tableau terminé.
C'est un agglomérat de souvenirs plus ou moins récents, d'émotions successives empilées l'une sur l'autre,
de travaux divers effectués à différentes périodes: peinture, vitrail, mosaïque, qui façonnent peu à peu  l'oeuvre,
  ressurgissent du subconscient et émergent vivants et colorés au coeur de la toile.

Au quotidien, la mer me manque à Brasilia... On est à mille kilomètres des côtes.
Est-ce pour cela que j'ai peint des poissons, ondulant au milieu de courbes et de flots imaginaires?
A plus y réfléchir, on pourrait penser aussi qu'ils évoluent dans un vaste aquarium décoré de cailloux multicolores et de plantes psychédéliques.
Quelques bulles d'air remontent le long des parois.

Claro ! C'est clair maintenant.. J'ai voulu retrouver un peu du plaisir de ces plongées merveilleuses effectuées à Mayotte.
A quelques mètres seulement du rivage, dans une eau turquoise et claire, on nageait avec simplement palmes et tuba,
au milieu des tortues géantes et de quantités de poissons splendides aux couleurs phosphorescentes.
J'avais l'impression d'être immergée dans un documentaire sur les fonds sous-marins dont on avait gardé les meilleures images. 
Auparavant, j'avais tendance à penser que les réalisateurs de ces fims trichaient un peu, saturaient les couleurs,
ou se concentraient sur des lieux vraiment exceptionnels.
Mais non, cela existait vraiment !  

D'autres lieux me reviennent en mémoire : une visite à Océanopolis à Brest,
et il y a bien plus longtemps au Musée océanographique de Monaco, le nez collé devant les vastes aquariums. 
Tout récemment, sans aller dans ma Bretagne chérie, j'ai goûté à ses plages, ports, bateaux et gens de mer, à son charme et ses mythes 
en visitant à Paris, au Musée de la Marine, l'exposition consacrée à Mathurin Méheut, grand peintre breton.
Je suis restée en expectative devant les très nombreux dessins admirablement précis de la faune aquatique et la créativité foisonnante de l'artiste :
peinture, gravure, illustrations, céramique, vitraux, décoration de navires, tapisseries...
 Nous irons un jour diner chez Prunier, célèbre restaurant de poissons à Paris, chez qui l'on mange encore dans des assiettes décorées par Méheut.
Pour l'affiche de l'exposition, le commissaire a choisi un gros homard bleu outremer, qui ne permet pas de deviner, si on ne le connait pas, l'oeuvre multiple.
Le crustacé, en rappelle peut-être un autre, d'un beau rouge orangé celui-là : une scuplture de l'Américain Jeff Koons,
ressemblant à un énorme jouet gonflable suspendu, lors d'une exposition très médiatique,
 dans une salle du très classique Château de Versailles.

Je crois sincèrement que beaucoup d'artistes sont de grands enfants, souvent délicats, sentimentaux et sensibles.
Ils se bercent de motifs enfantins, s'attendrissent d'objets artisanaux ou du quotidien, aux yeux d'autres insignifiants
 et refont indéfiniment le chemin qui les mène à leur enfance et aux lieux aimés.

Mes petits poissons se faufilent entre les mailles de mon imagination, au milieu des pièces réfléchissantes d'une sorte de vitrail.
Ce sont des réminiscences inconscientes de travaux passés qui ont guidé ma main :
assemblages de morceaux de verre plus ou moins translucides et colorés pour réaliser des abat-jours ou des vitraux.
J'ai choisi ces bleus outremer et céruléen qu'aimaient aussi Dufy pour illustrer la Côte d'Azur et Matisse aussi à Nice,
les mêmes vert véronèse et jaune citron qu'affectionnaient tous les "Fauves"
et je n'ai pas résisté à ces petites touches de mandarine et de rouge qui évoquent par leur chaleur et leur gaieté, les tropiques.

En travaillant sur le vitrail, avec les contraintes spécifiques liées à cette technique, j'ai appris à utiliser les couleurs en aplats uniformes assez grands,
à les associer et à néanmoins obtenir un effet d'ensemble plein de nuances.
J'ai transposé ces acquis à ma pratique picturale...
Sous une simplicité apparente, le souci du rayonnement des couleurs et de leur pouvoir évocateur est dans mon esprit, constant.

La nature ne me déçoit jamais. Elle constitue pratiquemment toujours le point de départ de mes vagabondages artistiques,
le puits sans fonds et la ressource inépuisable d'idées nouvelles, de sujets d'admiration et de contemplation.
"La mer qu'on voit danser ... le long des golfes clairs ... a des reflets d'azur ... la mer .... "

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